Les évolutions récentes du système de santé algérien

SOMMAIRE 

Présentation
PREMIÈRE PARTIE : LES ÉVOLUTIONS RÉCENTES DU SECTEUR PRIVÉ DES SOINS ET DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE
Les cliniques privées en Algérie : présentation et analyse des éléments de cadrage sectoriel
Ahcène ZEHNATI
La stratégie partenariale dans le secteur pharmaceutique : entre urgences sanitaires et difficultés de transfert technologique
Abdelhamid KERNANE
DEUXIÈME PARTIE : LES DÉPENSES DE SANTÉ ET LES POLITIQUES DE MAITRISE MISES EN PLACE
L’accroissement de la dépense nationale des ménages dans le financement de leurs soins : essai d’identification des facteurs explicatifs
Larbi LAMRI
Les fausses réponses à l’accroissement des dépenses de remboursement des médicaments en Algérie
Zoulikha SNOUSSI
TROISIÈME PARTIE : LES RESSOURCES HUMAINES EN SANTÉ : ENTRE UNE CRISE MULTIFORME ET UNE RÉFORME HOSPITALIÈRE ILLISIBLE
Le système national de santé : malade de sa ressource humaine ?
Mohamed IDDIR
La ressource humaine et les réformes sanitaires en Algérie. Le cas du CHU de Tizi-Ouzou
Hakima SOUKI et Farida BOUGHANEM
ÉPILOGUE
Agenda de recherche en économie de la santé en Algérie : 14 questions à l’ordre du jour
Miloud KADDAR
PRÉSENTATION
Cet ouvrage est un recueil des actes de la journée d’études organisée par l’équipe d’économie de la santé du CREAD le 3 mai 2015 à Alger. Il est scindé en trois parties. La première partie met en avant les tendances récentes du système de santé algérien. Elle porte sur le secteur privé des soins et l’industrie pharmaceutique. La contribution d’Ahcène ZEHNATI est extraite d’un travail plus large qui a porté sur une analyse économique de l’émergence et du développement d’une offre privée de soins en Algérie. Il tente d’ouvrir la boite noire de ce segment de soins. Les analyses conduites sur le secteur privé des soins pour mieux comprendre ses logiques d’émergence et de développement se sont révélées particulièrement novatrices, permettant tant de produire des connaissances sur un sujet inexploré, que d’éclairer la décision publique face à l’expansion de ce segment du système de santé. Abdelhamid KERNANE examine la stratégie partenariale dans le secteur pharmaceutique. Il montre que la stratégie de l’Etat consistant à impliquer, dans un cadre partenarial, le capital privé national et étranger dans la promotion industrielle n’a pas été couronnée de succès. La dépendance du pays en matière de couverture des besoins pharmaceutiques reste d’actualité. Il montre ensuite que les décisions publiques en matière de politique pharmaceutique, en particulier celles relatives au développement du secteur, peuvent être qualifiées de réactionnelles plutôt que de stratégiques, fondées sur une connaissance précise de la réalité du terrain en matière de contraintes technologiques au développement industriel et au transfert technologique.
La deuxième partie est consacrée à la question des dépenses de santé. La dynamique et le développement qu’a connus le système de santé algérien dans ses deux composantes publique et privée ont induit une forte implication des ménages dans la prise en charge de leurs dépenses de santé. Larbi LAMRI montre que ce report de charges financières n’est pas sans conséquences sur les dépenses catastrophiques en santé surtout que les paiements directs des ménages sont très élevés en Algérie. L’auteur met en exergue, chiffres et estimations à l’appui, la forte implication des ménages dans la prise en charge de leurs dépenses de santé, qui dépasse désormais la contribution de la sécurité sociale. Zoulikha SNOUSSI porte un regard critique sur les politiques de maitrise des dépenses des médicaments mises en place. Les réponses à l’accroissement des dépenses de remboursements des médicaments sont jugées inadaptées. En réalité, les vraies causes se résument en une politique d’encadrement des importations de médicaments déficiente, une consommation continue des princeps au détriment des génériques, des pratiques de prescription excessives, une surconsommation en volume et enfin, une politique de tarif de référence mal conçue.
La troisième partie traite la question de la ressource humaine à l’hôpital. Cette dernière est abordée suivant deux visions. La première, celle d’un professionnel de santé (Mohamed IDDIR) qui pointe du doigt les profondes divergences entre les intérêts d’une majorité d’acteurs et les objectifs proclamés du système de santé, ou du moins une adhésion insuffisante à ces derniers. Dans ces conditions, il semble illusoire d’améliorer l’efficience du système de santé sans prendre en compte le facteur humain. La deuxième, celle de deux universitaires (Hakima SOUKI et Farida BOUGHANEM) qui, à partir d’une étude de terrain conduite au CHU de Tizi Ouzou, cherchent à savoir si les pratiques de gestion de la ressource humaine sont au diapason des projets de réformes voulus par les pouvoirs publics. Il s’avère que la question de la ressource humaine est reléguée au second plan. Or, plusieurs théories managériales affirment que la ressource humaine est le pivot de toute organisation qu’elle soit à but lucratif ou non.
En guise d’épilogue, Miloud KADDAR suggère à titre indicatif quelques pistes pour développer un agenda de recherche dans le domaine de l’économie de la santé en Algérie. Face à la crise multiforme que vit le système de santé algérien, des recherches fondées sur des cadres théoriques solides et des études de terrain pluridisciplinaires sont nécessaires pour comprendre les faits et agir sur les tendances, dynamiques, leviers et acteurs qui façonnent le système de santé.
Enfin, nous tenons à remercier sincèrement les évaluateurs de cet ouvrage pour leurs précieux commentaires. Nous espérons que cette livraison contribuera à ouvrir et enrichir les débats liés aux grands enjeux du système de santé algérien.
 

Dr Ahcène ZEHNATI, Maître de recherche A (HDR) Responsable de l’équipe d’économie de la santé, CREAD

Cet ouvrage est dédié à la mémoire des regrettés Pr Abdelkader HELALI, Dr Saada CHOUGRANI et Dr Madjid ATEK.