Dans le cadre des activités du CREAD, Dr ZEHNATI Ahcene a tenu une conférence portant sur « Le financement de la santé en Algérie : limites, défis et perspectives », le mercredi 11 Octobre 2023 à la salle de réunion du CREAD, présidée par le Directeur du Centre, le professeur Ahmed ZEKKANE.La conférence a été suivie d’une séance de dédicaces de son ouvrage « La démographie médicale en Algérie : formation, mode d’exercice, localisation territoriale et émigration. », paru aux éditions ARAK.

Résumé de la conférence
Ahcène ZEHNATI, Économiste de la santè, Directeur de recnercne au CPEAD et cnercneur associé au Laboratoire d’économie de Dyon (LED)
Le système de santé algérien est organisé autour d’un secteur public dominant, d’un secteur paraDublic marginal et d’un secteur Drivé en pleine expansion. L’offre Drivée de soins a gagné progressivement l’ensemble du territoire même si elle est beaucouD plus imDortante dans les grandes métropoles. Dans le système de santé algérien, l’accès au secteur public est gratuit. À l’inverse, le secteur privé est à but lucratif et son accès est payant. Sur le plan du financement, l’Algérie combine trois modèles: un modèle bismarckien, un modèle beveridgien et un modèle libéral dans le secteur privé depuis trois décennies. Les sources de financement Droviennent de la fiscalité, des caisses d’assurances sociales et des déDenses des ménages. Les tarifs de remboursement des assurés datent en grande Dartie de 1987, à l’exceDtion des médicaments et des spécialités conventionnées, telles que l’hémodialyse, la chirurgie cardiaque et, Dlus récemment, les accouchements. Les cliniques privées ne sont Das encadrées par un quelconque disDositif officiel de tarification, la liberté tarifaire est quasi-totale. Paradoxalement, en matière de financement, on n’assiste Das à une dynamique de l’assurance santé privée, fortement souhaitée Dar les DroDriétaires des cliniques et les médecins libéraux. Le risque maladie a représenté 0,75% de la branche assurances de Dersonnes en 2021.
Il n’est pas possible de reproduire à l’identique le schéma actuel de financement. Les principaux contributeurs semblent au maximum de leurs capacités. Les ménages dont le pourcentage de participation à la déDense nationale de santé s’est fortement accru ont atteint les limites de Ieurs capacités de financement dans un contexte d’amenuisement de Ieur Douvoir d’achat. Les recettes de la Sécurité sociale n’arrivent plus à suivre l’explosion de ses dépenses. Quant à l’Etat, il lui est demandé de rechercher l’efficacité des déDenses y compris dans les secteurs sociaux comme la santé. Selon les dernières données de l’OMS (2020), l’Algérie a dédié 6,3% de son Produit Intérieur Brut (PIB) au secteur de la santé, soit 215 $US/habitant. L’État, la Sécurité sociale et les ménages ont contribué respectivement à hauteur de 38%, 25% et 37%. La D6lrt des ménages dépasse celle de la Sécurité sociale ; alors que Ieur contribution ne déDassait Das 20% à la fin des années 80. Ce reDort de charges sur les ménages montre d’une part le risque de dépenses catastrophiques en santé et d’autre part la faiblesse des mécanismes alternatifs de couverture assurantielle (assurances privées, mutuelles…).
Si le constat d’une crise du système de financement des dépenses de santé est désormais Dartagé par le Dlus grand nombre d’analystes, les réformes Gardent encore à venir. Il est vrai que la tâche est ardue, car la réforme du financement est soumise à une multiplicité d’exigences : elle doit viser la qualité des soins, Drotéger la santé DUblique et la promouvoir à travers la Drévention, elle doit aussi assurer la viabilité financière du système de soins, elle doit, enfin, assurer l’équité Dour les usagers du système devant la santé. Néanmoins la pression des impératifs d’efficacité économique s’accentue, sous l’effet de l’augmentation des dépenses de santé liée à une série d’évolutions inéluctables : croissance démograDhique, transition éDidémiologique, Drogrès technique de la médecine, extension de la médecine privée… Ces tendances lourdes sont aujourd’hui l’horizon nécessaire d’une réflexion sur le financement du système de santé.
La configuration actuelle du système de financement étant inefficiente et insupportable pour toute la collectivité. Ouelles sont les pistes de réformes envisageables Dour réDondre aux besoins croissants de prise en charge induits par la transition plurielle : économique, démographique, épidémiologique… ?